Pages

Un satellite espion américain menacerait de s'écraser sur Terre suite à une perte de contrôle. Si le cas n'est malheureusement pas exceptionnel, les matières toxiques qu'il pourrait contenir suscitent l'inquiétude d'autant plus que les précisions apportées pour le moment par le Pentagone restent bien maigres.Le Pentagone a confirmé dimanche 26 janvier qu'un satellite espion avait quitté son orbite et pourrait s'écraser sur Terre fin février - début mars.Ce qui pose problème c'est à la fois le lieu d'impact mais aussi les matières dangereuses qui pourraient être contenues dans le satellite. L'endroit où pourrait s'écraser le satellite n'est pas encore connu ou dévoilé tandis que les "les agences gouvernementales concernées surveillent la situation", a déclaré Gordon Johndroe, porte-parole du Conseil de sécurité nationale qui tente de rassurer en précisant que "de nombreux satellites dans le passé ont quitté leur orbite et sont tombés sans dommages. Nous étudions les différentes options pour atténuer tout dommage possible que pourrait causer ce satellite."Le lieutenant-colonel Karen Finn, cité par l'Agence France Presse, a indiqué que "le département de la Défense suit actuellement la situation" sans pour autant confirmer la présence éventuelle de substances toxiques à bord du satellite ni même le type du satellite.Toutefois, des spécialistes qui suivent les opérations menées par les satellites espions pensent qu'il pourrait s'agir d'un satellite expérimental fabriqué par Lockheed Martin et lancé en décembre 2006 de la base de Vandenberg en Californie à partir d'une fusée Delta II. Peu de temps après sa mise en orbite, les opérateurs au sol ne réussirent plus à le contrôler ni à communiquer avec...D'après un expert du renseignement militaire américain cité dans The New York Times, John Pike, un retour sur Terre de ce satellite espion pourrait fragiliser le secret-défense des Etats-Unis car habituellement les navettes sont programmées pour s'échouer en mer, et ce pour qu'aucun autre pays ne puisse y avoir accès. M. Pike a par ailleurs exclu l'hypothèse d'un tir de missile pour détruire l'engin, mettant en avant le risque que d'éventuels débris de l'appareil n'entrent dans l'atmosphère et viennent percuter la Terre. Selon lui, le satellite espion pèserait environ neuf tonnes et aurait la taille d'un bus de petite taille.
Les risques pour l'environnement et la santéJohn Pike a précisé que le satellite comprend du béryllium, un métal léger utilisé dans la construction aérospatiale assez toxique et pouvant déclencher d'importants troubles respiratoires. Par contre, l'expert a indiqué qu'il était peu probable qu'il soit doté de combustible nucléaire.De plus, les débris du satellite pourraient contenir de l'hydrazine, une substance chimique hautement toxique, utilisée comme carburant pour la plupart des satellites. Chez l'homme, l'hydrazine est reconnu pour être un fort irritant de la peau, des yeux et del'appareil respiratoire, caractérisé par une odeur ammoniaquée forte selon un rapport de l'INERIS. Or, il pourrait rester une certaine quantité d'hydrazine dans le satellite. Deux cas de figure sont alors avancés : soit le réservoir se désintègre en pénétrant dans l'atmosphère ce qui conduirait à la combustion visible de l'hydrazine dans l'atmosphère, ou bien le réservoir parvient jusqu'au sol dans son intégrité, dans quel cas il présenterait à l’impact un risque pour les éventuels organismes vivants à proximité.
Une situation qui n'est pas exceptionnelleL'expérience n'est pas nouvelle puisqu'en janvier 1978, un satellite espion russe (Cosmos 954) mu par un réacteur nucléaire s'était écrasé dans le grand Nord Canadien sans autres conséquences. En 1979, la station spatiale Skylab, un engin de 78 tonnes abandonné par la NASA, avait quitté son orbite. Ses débris étaient tombés dans l'océan Indien et sur une région reculée de l'ouest de l'Australie, sans causer de dégâts importants. En 1983, un autre satellite russe (Cosmos 1402) s'était désintégré dans l'atmosphère en février 1983 au dessus de l'océan Indien, mais des traces de plutonium avaient été détectées jusque que dans la neige tombée sur l'Arkansas, dans le sud des Etats-Unis.Enfin, en 2002, un satellite scientifique de plus de trois tonnes s'était désintégré en pénétrant dans l'atmosphère terrestre, et ses débris étaient tombés sur le golfe Arabo-Persique, à plusieurs milliers de kilomètres de la zone anticipée de leur chute.Non satisfaits de polluer notre support de vie immédiat, la pollution orbitale est devenue depuis quelques dizaines d'années un vrai défi. En effet, depuis les débuts de la conquête spatiale, l'activité humaine a entraîné la production dans l'espace d'un très grand nombre d'objets de toutes tailles. Les évaluations récentes comptabilisent ainsi environ 10 000 objets d'une taille supérieure à 10 cm, 200 000 objets entre 1 et 10 cm et 35 000 000 objets compris entre 0,1 et 1cm. Les particules d'une taille inférieure à 0,1 cm sont, bien sûr, encore plus nombreuses. Pour la plupart des tailles d'objets dans l'Espace, la pollution créée par l'Homme est maintenant devenue supérieure à l'environnement naturel dû aux météorites selon le Centre National d'Etudes Spatiales.Heureusement, la plupart du temps, les objets qui quittent leur orbite se désintègrent dans l'atmosphère et les résidus éventuels sont trop petits pour causer de vrais dégâts.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire