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LEGO : LA TÊTE JAUNE SE MET AU VERT

Il aura donc fallu attendre l’été 2010 pour que l’une de mégalopoles les plus influentes du globe se décide enfin à se doter d’un système de mobilités durables digne de ce nom. De quelle ville parle-t-on ? Mais de LEGO City, bien sûr !
Car la capitale mondiale des bonshommes à tête jaune était jusque là doté d’un système de transports en commun que l’on qualifiera, pour être poli, d’assez sommaire – malgré un réseau ferroviaire relativement correct, toutefois principalement exploité par le fret. Il suffit de jeter un oeil aux précédentes versions de LEGO City (dans la Bible qu’est le LEGO Collector, par exemple) pour mesurer l’omniprésence de la voiture individuelle dans l’écosystème de mobilité de la ville. Quelques vélos viendront évidemment donner à ces images ce petit air « so danish » qui fait le charme des LEGO, mais le fait est là : LEGO City, officiellement fondée en 1978, est un pur produit de notre fin de siècle, dévouée aux vroum-vroums vrombissants. A jamais ? Rien n’est moins sûr. Il y a un peu moins d’un an, j’écrivais justement :
« L’imaginaire urbain des Lego est paradoxal. Malgré ses origines danoises, le durable occupe une part encore limitée des constructions, où les voitures individuelles restent la norme. Mais qui sait, peut-être LEGO City fermera-t-elle un jour son centre-ville aux automobiles ! »
Six mois plus tard, et le dieu des briques entendait mon appel. Car LEGO City n’est pas du genre à se morfondre dans un modèle de développement obsolète. La ville a de l’ambition, et de l’énergie à revendre – éolienne depuis 2009, soit-dit en passant1. Et quand il s’agit de passer d’un modèle automobile à un autre gouverné par les transports en commun, elle prend conseil chez les meilleurs. Après des débuts timides (le premier bus date de l’été 2009 !), la ville plongeait cet été de sauter dans le grand bain en inaugurant sa première gare intermodale.
Force est de constater que la municipalité a bien fait les choses : la gare optimise les liaisons intermodales entre tramway, bus, vélo (des bike-racks sont prévus, afin d’accueillir comme il se doit un vélo repeint en vert pour l’occasion), marche et voiture individuelle (« de sport », évidemment, on ne se refait pas). Notez au passage qu’aucune photo « officielle » (série ci-dessous) n’est dédiée à cette dernière… Il y a des signes qui ne trompent pas !
Le vent du changement souffle sur LEGO City, et cela n’a évidemment rien d’anodin. La ville LEGO, comme bien d’autres éléments de la pop-culture contemporaine (cinéma et séries télé, jeux vidéo, etc.) est un formidable miroir des modèles dominants de nos sociétés. Hier l’automobile, aujourd’hui l’intermodalité.Profitons-en. Car comme l’expliquait récemment The City Fix dans un excellent post sur lequel je reviendrais très bientôt (c’est un peu la vocation de pop-up urbain) :
« a shift in the way movies and pop culture depict car-light, transit-oriented and walkable lifestyles may help enshrine the need for mass transit and non-motorized infrastructure in the people and policymakers of the developing world. »
que l’on pourrait résumer ainsi :
« And where pop culture goes, we can hope, so will the masses. »
Petite anecdote : Octan (la compagnie pétrolière de LEGOLand) n’apparaît nulle part, alors qu’on aurait pu penser la voir investir ce domaine voué à supplanter son coeur de métier, comme elle l’avait fait avec l’éolien. Faut-il y voir le signe d’un nouveau jeu d’acteurs ? ;-)

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