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L'Amérique du Sud se veut l'«Arabie Saoudite du futur» !

Si le moteur à explosion cède la place au moteur électrique, le pétrole s'effacera devant le lithium. Et les pays du Golfe devant... le Chili, l'Argentine et la Bolivie. 



Cet article d'Awad Diar, étudiant à l'EDHEC,  a été primé au concours organisé par SIA-Conseil, L'Expansion et RTE sur le thème Energies
 et Avenir.(Photo : granules de lithium - copyright wikimedia commons)

Argentine, Bolivie, Chili, ces pays d'Amérique du Sud pourraient devenir, grâce à leurs réserves en lithium, les prochains leader sur le marché des matières premières et de l'énergie, éclipsant au passage les Pays du Golfe. L e lithium est à la voiture électrique ce que le pétrole est au moteur à explosion. Et lorsque l'on sait que les plus grands gisements exploitables se trouvent en Amérique du Sud et au Tibet, on peut deviner les causes de certaines instabilités politiques dans ces régions. Avec un prix à la tonne qui est passé de $350 en 2003 à $3000 en 2008, le troisième élément du tableau de Mendeleïev se révèle être de plus en plus convoité, aussi est-il de plus en plus cher.

C'est au Chili, premier exportateur mondial de lithium, que l'on trouve l'une des sources de lithium les plus importantes : le lac salé d'Atacama, situé à plus de 1000km de la capitale Santiago, à 2250 mètres d'altitude et dans l'un des endroits le plus aride de la planète. Avec une hygrométrie annuelle ne dépassant pas le centimètre, le désert d'Atacama resterait vierge de toute présence humaine si ce n'était pour son précieux minéral.
En effet, selon une étude géologique américaine, cette région contribuerait pour un tiers des ressources en lithium de la planète (le plus grand gisement en lithium au monde se trouvant en Argentine, pays voisin).
Si le lithium a vu son utilisation croître avec le nombre grandissant de ventes d'Ipod, smartphones en tout genre et autres appareils fonctionnant sur batteries Lithium-ion, il semble que ce ne soit que le début. Le lithium peut voir son avenir tracé par l'industrie automobile étant donné qu'une batterie de véhicule électrique nécessite environ cent fois plus de carbonate de lithium qu'une batterie de PC portable et que le marché semble vouloir s'éloigner, petit à petit, des moteurs classiques à essence. 

En effet, étant donné les craintes en ce qui concerne les réserves en pétrole, il pourrait sembler opportun de remplacer le ronronnement de nos diesels par le bourdonnement tout aussi agréable d'un véhicule électrique.
Ainsi, de nombreux industriels dont Vincent Bolloré s'intéressent à ces lacs à Lithium. L'industriel français, associé au groupe minier Eramet, a d'ailleurs obtenu ce mois-ci, de la part de la Bolivie, des droits d'exploitation de son gisement de lithium (Salar de Uyuni), métal dont il a besoin afin de produire son « BlueCar », un véhicule écologique qu'il développe avec l'italien Pininfarina. 
D'autres personnes telles que William Tahil, fondateur du Meridian International Research basé à Martainville en France, sont encore sceptiques. Le consultant doute que les réserves en lithium, 33ème élément le plus abondant sur la planète, suffisent à un accroissement futur de la demande.

Un doute que ne semblent pas partager les groupes japonais. Ainsi, Mitsubishi et Sumimoto se retrouvent également à la table des négociations avec le président bolivien au sujet de l'exploitation de cet or blanc.
En continuant ainsi, il semble que nous ne soyons pas loin de voir se constituer le scénario d' une Organisation des Pays Exportateurs de Lithium – l'OPEL (sic!) (Chili, Argentine, Bolivie, Chine) – qui rivaliserait bientôt avec la nettement plus réelle OPEP.

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